• Les régimes procurant des revenus aux retraités des pays de l’OCDE sont variés et comprennent souvent des programmes différents. Il est donc difficile de classer les systèmes de retraite et les différents mécanismes assurant des revenus aux retraités. La taxinomie utilisée ici comporte deux « piliers » obligatoires : une composante redistributive et une composante « épargne ». Les composantes facultatives, qu’elles soient individuelles ou fournies par l’employeur, constituent le troisième pilier.

  • Les dispositifs de retraite conçus pour assurer un revenu suffisant aux personnes âgées constituent le premier pilier de la taxinomie des systèmes de retraite définie par l’OCDE, taxinomie qui a été présentée dans l’indicateur précédent (architecture des systèmes de retraites nationaux).

  • Le deuxième pilier de la taxinomie des systèmes de retraite définie par l’OCDE inclut les régimes destinés à remplacer le revenu d’activité. Le résumé ci-dessous présente les principaux paramètres et règles qui, pour ces régimes, déterminent la valeur des droits en tenant compte des répercussions à long terme des réformes des retraites déjà adoptées.

  • Les règles relatives à l’ouverture des droits à retraite sont très complexes et reflètent souvent des objectifs officiels contradictoires. D’un côté, le fait d’inciter les gens à travailler plus longtemps en raison du vieillissement démographique a été l’une des caractéristiques essentielles de nombreuses réformes des retraites. De l’autre, les pouvoirs publics ont souvent eu le souci de protéger des salariés considérés comme vulnérables et incapables de continuer à travailler à un âge avancé.

  • Les indicateurs de droits à retraite qui suivent en Partie II.2, ainsi que l’analyse du déficit d’épargne-retraite en Partie II.6 utilisent les modèles de retraite de l’OCDE. La méthodologie et les hypothèses retenues sont les mêmes pour tous les pays, ce qui permet de comparer directement la conception des différents systèmes de retraite. Les droits futurs sont calculés en fonction des règles et paramètres actuels.

  • Le taux de remplacement brut compare le montant de la pension de retraite au salaire. Pour les personnes touchant un salaire moyen, le taux de remplacement brut s’établit en moyenne à 57 % dans les 34 pays de l’OCDE. Néanmoins, il varie considérablement d’un pays à l’autre. Dans le bas du classement, l’Irlande, le Japon, le Mexique et le Royaume-Uni offrent aux personnes qui entrent aujourd’hui sur le marché du travail des taux de remplacement inférieurs à 35 %. La Grèce et l’Islande, situées dans le haut du classement, proposent des taux de remplacement supérieurs à 95 %. Les autres pays affichant un taux de remplacement attendu élevé (entre 70 % et 90 %) sont l’Autriche, le Danemark, l’Espagne, la Hongrie, le Luxembourg et les Pays-Bas.

  • Les régimes privés procurent aux personnes âgées une part importante et croissante de leur revenu, comme en témoignent les calculs des taux de remplacement bruts présentés séparément pour les dispositifs publics et les mécanismes privés. Dans les pays de l’OCDE, le taux de remplacement moyen assuré par les seuls régimes publics pour un salaire moyen s’élève à 42 %, contre 57 % si l’on tient également compte des dispositifs privés obligatoires. Lorsqu’on ajoute les pensions privées facultatives, en appliquant des règles types, le taux de remplacement moyen atteint 64 % pour un revenu moyen.

  • Le régime de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) joue un rôle important dans les mesures en faveur des personnes âgées. Il est fréquent que les retraités ne versent pas de cotisations sociales. L’IRRP est progressif et les droits à retraite souvent inférieurs au salaire perçu avant la retraite, de sorte que le taux d’imposition moyen du revenu des retraités est généralement moins élevé que celui du revenu d’activité. De plus, la majorité des régimes d’imposition soumettent les pensions ou les retraités eux-mêmes à un régime de faveur en accordant des crédits d’impôt ou des abattements supplémentaires aux personnes âgées.

  • Pour les revenus moyens, le taux de remplacement net s’élève en moyenne à 69 % dans les pays de l’OCDE. Il est donc supérieur de 12 points au taux de remplacement brut, car les impôts et cotisations prélevés sur les salaires sont plus élevés que ceux qui sont perçus sur les pensions de retraite. Les taux de remplacement nets, eux aussi, varient considérablement d’un pays à l’autre : de moins de 40 % au Mexique, en Irlande et au Japon à un chiffre nettement supérieur à 100 % en Grèce pour les revenus moyens.

  • Dans l’OCDE, la moyenne du taux de remplacement net pour un revenu moyen ressort à 50 % si l’on ne tient compte que des régimes publics, alors qu’elle est de 68 % si l’on intègre les dispositifs privés obligatoires. Si l’on y ajoute les régimes privés facultatifs, en appliquant les règles types, la moyenne du taux de remplacement net s’élève à 77 % pour une personne qui touche le salaire moyen.

  • Dans la présente publication, la plupart des indicateurs de droits à retraite concernent une personne seule. Dans nombre de pays, les systèmes de retraite sont, en pratique, « individualisés » : la situation d’un couple marié est la même que celle de deux personnes seules disposant du même niveau de salaire. Dans d’autres, toutefois, le mariage a des effets sur les droits à retraite.

  • La crise économique et financière de 2008 a eu pour conséquence de mettre le risque d’investissement au coeur des préoccupations des responsables politiques dès qu’il est question de retraite. Dans la zone OCDE, les fonds de pension privés ont vu leur valeur reculer en moyenne de 24 %, soit de 5 400 milliards USD. Toutefois, il ne faut pas oublier que les pensions privées ne sont qu’une des composantes de la prestation globale de retraite : l’essentiel du revenu des retraités n’est pas exposé au risque d’investissement. Dans certains pays, des prestations soumises à conditions de ressources protègent en grande partie les bas salaires du risque d’investissement et la fiscalité peut aussi faire office de « stabilisateur automatique » du revenu des retraités.

  • Le patrimoine retraite correspond à la valeur viagère totale du flux de revenus perçu par les retraités. Pour les personnes qui touchent le salaire moyen, le patrimoine retraite est égal au salaire annuel perçu en moyenne dans les pays de l’OCDE multiplié par 9.6. Pour les femmes, ce chiffre est plus élevé – 11.1 fois le salaire individuel – car leur espérance de vie est également plus grande.

  • Le patrimoine retraite net, à l’instar de l’indicateur équivalent exprimé en termes bruts, représente la valeur viagère actualisée du flux de prestations de retraite, mais en tenant compte des impôts et cotisations acquittés sur les revenus perçus par les retraités. Dans un cas comme dans l’autre, le patrimoine retraite est exprimé en multiple du salaire individuel brut.

  • L’indice de progressivité est conçu pour résumer en un seul chiffre le lien qui existe entre la pension de retraite et le salaire perçu durant la période d’activité. Il va de 100 dans les régimes de base purs (Irlande et Nouvelle- Zélande) à une valeur négative en Suède (ce qui indique que le système de retraite dans son ensemble est régressif), en passant par zéro en Hongrie. Cet indice s’élève en moyenne à 37 dans la zone OCDE. Les différences existant entre les régions sont frappantes : l’indice ressort en moyenne à 80 dans les pays anglophones, signe que leurs régimes publics sont très progressifs. En revanche, en Europe du Sud, il atteint à peine 8 en moyenne, ce qui montre une corrélation très étroite entre le salaire et les prestations de retraite.

  • Dans certains pays comme la Hongrie, l’Italie ou la République slovaque, on observe une corrélation très étroite entre les droits à retraite et le salaire perçu pendant la durée d’activité. À l’inverse, les prestations étant forfaitaires en Irlande et en Nouvelle-Zélande, les pensions de retraite ne sont pas liées à la rémunération.

  • Les indicateurs présentés jusqu’à présent ont porté sur les taux de remplacement, le montant relatif des pensions et le patrimoine retraite à différents niveaux de rémunération. Fondés sur la moyenne pondérée de ces indicateurs sur toute l’échelle des salaires, les chiffres présentés ici correspondent à la pension moyenne au moment du départ en retraite et au patrimoine retraite moyen (valeur viagère des pensions servies).

  • En vertu de la taxinomie présentée dans l’indicateur « Architecture des systèmes de retraite nationaux » présentée plus haut, la prestation globale de retraite est assurée par plusieurs composantes. Les systèmes de retraite comportent ainsi deux piliers obligatoires. Le premier est une composante redistributive, destinée à garantir aux retraités un niveau de vie minimum, en termes absolus. Le second, une composante « épargne », dont l’objectif est que les retraités perçoivent un revenu comparable à celui qu’ils touchaient lorsqu’ils étaient en activité. Le présent indicateur, qui montre la décomposition des systèmes de retraite nationaux en piliers et en régimes publics et privés, fait une fois encore ressortir de fortes disparités entre les politiques menées par les différents pays.

  • Le revenu des personnes âgées est en général plus faible que celui de la population, même si l’on tient compte des différences de taille des ménages. Dans l’OCDE, les plus de 65 ans touchaient en moyenne, au milieu des années 2000, un revenu qui s’élevait à 82 % de celui de la population dans son ensemble. Entre le milieu des années 80 et le milieu des années 2000, le revenu des seniors a progressé plus vite que celui de la population dans 13 des 25 pays pour lesquels les chiffres sont connus. Dans la plupart des pays de l’OCDE, les transferts publics constituent la principale source de revenus des personnes âgées.

  • Dans les pays de l’OCDE, 13.5 % des plus de 65 ans, en moyenne, vivent dans la pauvreté monétaire, c’est-à-dire que leur revenu est inférieur à la moitié de la médiane nationale. Il y a de grandes différences d’un pays à l’autre : dans deux d’entre eux, la pauvreté monétaire des seniors est pratiquement inexistante, tandis que dans quatre autres, le taux de pauvreté est deux fois plus élevé que la moyenne de la zone OCDE. Ce taux est plus élevé chez les retraités que dans l’ensemble de la population, où il atteint 10.6 %, en moyenne. Les femmes âgées sont plus nombreuses à vivre dans la pauvreté que les hommes âgés et le taux de pauvreté augmente avec l’âge.

  • Dans l’OCDE, les dépenses publiques au titre des pensions de retraite et de réversion ont progressé à un rythme supérieur de 15.0 % à la hausse du revenu national et sont passées d’une moyenne de 6.1 % du produit intérieur brut (PIB) en 1990 à 7.0 % en 2007. Les régimes de retraite publics constituent souvent le plus gros poste de dépenses publiques : ils représentent en moyenne 17 % de l’ensemble de ces dépenses.

  • Les taux des cotisations de retraite sont globalement stables depuis le milieu des années 90. Le taux moyen, dans les 25 pays de l’OCDE qui prélèvent des cotisations distinctes pour les régimes publics, est passé de 19.2 % en 1994 à 19.6 % en 2009, avec un pic à 20.0 % en 2004. Cela s’explique vraisemblablement par le fait que les pouvoirs publics se sont inquiétés des conséquences d’une lourde fiscalité du travail sur l’emploi. Ces préoccupations semblent en effet avoir pris le pas sur celles qui résultent des pressions exercées sur l’équilibre financier des systèmes de retraite par le vieillissement de la population et l’arrivée à maturité des régimes de retraite.

  • Dans la plupart des pays de l’OCDE, les dépenses publiques de retraite sont en hausse depuis 20 ans, comme le montrent les deux précédents indicateurs. Les projections à long terme font apparaître que ces dépenses devraient continuer à augmenter dans 25 des 29 pays de l’OCDE pour lesquels les données sont disponibles. En moyenne, les dépenses de retraite devraient passer de 8.4 % du produit intérieur brut (PIB) en 2010 à 11.4 % du PIB en 2050.

  • Pour la période 2005-10, l’indicateur conjoncturel de fécondité est inférieur au seuil de renouvellement de la population – nombre d’enfants nécessaire pour que la population totale reste constante – dans 29 des 34 pays de l’OCDE. Les seules exceptions sont Israël et le Mexique (avec 2.8 et 2.2 enfants par femme, respectivement), ainsi que les États-Unis, l’Islande et la Turquie (résultat égal au seuil de renouvellement, soit 2.1). Toutefois, dans plus des deux tiers des pays de l’OCDE, les taux de fécondité enregistrent une croissance modérée depuis dix ans. Les taux de fécondité ont des répercussions considérables sur les systèmes de retraite, car ils constituent, avec l’espérance de vie, l’un des déterminants du vieillissement démographique.

  • L’allongement considérable de l’espérance de vie est l’une des avancées les plus remarquables du siècle dernier. On vit de plus en plus longtemps, et cette tendance devrait se poursuivre. Sur la période 2005-10, l’espérance de vie à la naissance s’établit en moyenne à 76.1 ans pour les hommes et à 81.8 ans pour les femmes. Pour ces dernières, c’est au Japon qu’elle est la plus élevée (86.2 ans), puis en France, en Suisse, en Italie et en Espagne. Pour les hommes, c’est l’Islande qui arrive en tête (80.2 ans), suivie de la Suisse, de l’Australie, du Japon et de la Suède.

  • Le vieillissement de la population est l’un des principaux facteurs à l’origine de la vague de réformes des systèmes de retraite menées ces dernières années. Le rapport actifs/inactifs de 65 ans ou plus est un indicateur important des pressions que l’évolution démographique fait peser sur les systèmes de retraite. Il mesure le nombre de personnes d’âge actif (20-64 ans) rapporté au nombre de personnes ayant atteint l’âge de la retraite (65 ans et plus). On dénombre aujourd’hui en moyenne à peine plus de quatre personnes en âge de travailler pour une personne ayant atteint l’âge de la retraite.

  • Le salaire moyen est un indicateur important qui sous-tend la présentation des paramètres du système et les résultats de la modélisation des retraites. La distribution des salaires sert à calculer des indicateurs synthétiques comme la progressivité des systèmes de retraite, la structure de la prestation globale de retraite ou les moyennes pondérées

  • Ces dernières années, les dispositifs de retraite privés ont pris une importance croissante étant donné que les réformes des retraites adoptées ont imposé une diminution des droits à retraite pour les régimes publics. Dans 17 pays de l’OCDE, les régimes de retraite privés sont obligatoires ou quasi obligatoires (c’est-à-dire qu’ils couvrent pratiquement la totalité des salariés par le biais de conventions collectives). Dans six autres pays, les dispositifs privés facultatifs (professionnels ou individuels) concernent une part importante de la population d’âge actif (plus de 40 %).

  • Les plans de retraite privés peuvent être financés au travers de diverses structures. En 2009, dans les pays de l’OCDE pour lesquels les données sont disponibles, 74 % des actifs des dispositifs privés, en moyenne, étaient détenus par des fonds de pension, 19 % dans le cadre de contrats d’assurance retraite gérés par des sociétés d’assurance-vie ou retraite, 4 % sous forme de produits de retraite commercialisés par des banques ou des sociétés de gestion de portefeuille et 3 % dans des plans provisionnés.

  • Dans 18 pays dotés d’un dispositif de retraite obligatoire, le taux de remplacement est inférieur à la moyenne des 34 pays de l’OCDE. Ce déficit d’épargne-retraite est supérieur à 28 % du salaire pour un revenu moyen en Irlande et pour les femmes au Mexique. Il dépasse également les 25 % au Royaume-Uni, ainsi que pour les hommes au Mexique.

  • La plupart des pays de l’OCDE ont accumulé une grande quantité d’actifs afin de faire face aux engagements de retraite futurs. Au total, les actifs des fonds de pension représentaient près de 68 % du produit intérieur brut (PIB) en 2009. La moitié des pays de l’OCDE ont créé des fonds de réserve publics en vue de financer les retraites publiques. Dans ces pays, les réserves constituées à cet effet atteignent pratiquement 20 % du PIB.

  • Fin 2009, les catégories d’actifs classiques (principalement les actions et les obligations) restaient les formes d’investissement les plus courantes des fonds de pension et des fonds de réserve publics. La part des actions et des obligations varie considérablement suivant les pays, même si, d’une manière générale, la préférence va aux obligations.

  • Durant l’année 2009, les fonds de pension ont connu un taux de rendement réel des investissements positif, soit 6.5 % en moyenne. En dépit de ce redressement, au 31 décembre 2009, la valeur de leurs actifs était encore inférieure de 9 % au niveau de 2007, en moyenne. En 2009, les fonds de réserve publics ont regagné le terrain perdu pendant la crise de 2008. Fin 2009, le montant total des actifs de ces fonds était en moyenne plus élevé qu’à la fin de l’année 2008 (+7.3 %) et qu’en décembre 2007 (+13.9 %).

  • L’efficience des dispositifs de retraite privés, mesurée en rapportant l’ensemble des coûts d’exploitation aux actifs gérés, diffère considérablement d’un pays à l’autre et est comprise entre 0.1 % et 1.2 % des actifs sous gestion. Les frais facturés aux membres des fonds pour couvrir ces coûts varient substantiellement suivant les pays pour ce qui est de leur structure ou de leur importance.

  • Les coefficients de capitalisation des dispositifs à prestations définies mis en place par les sociétés cotées étaient toujours, fin 2009, sensiblement inférieurs à leur niveau de fin 2007.